Après avoir garé ma voiture et parcouru 100 mètres à découvert pour rejoindre le bois, une volée d’une centaine de palombes vient se poser sur les chênes, au-dessus de mon véhicule. Je me cache et attends, j’hésite, puis je me faufile jusqu’à l’orée du bois et j’observe. De l’autre côté, un très gros vol, de plusieurs milliers, véritable TGV en direction des cols, est en train de s’effilocher par la queue, quelques palombes attardées viennent se poser naturellement sur l’autre bois, elles plient littéralement tout le vol par paquets successifs de plusieurs centaines d’individus qui se « pitent » sur les chênes. Au bord de la clairière j’observe le manège, une fois tout le vol posé, ça durera 1h ¼, elles vont et viennent jusqu’au champ de maïs en bordure, se faisant peur elle-même, remontant sur les arbres, le cri d’une buse les fait descendre sur les branches inférieures, abandonnant un instant leurs bain de soleil, les guetteuses restent tout en haut des « secaïs » immobiles et aux aguets. Les quelques tirs dans la plaine mettent à l’envol de nouvelles volées qui viennent invariablement se coller aux premières, combien y en a t-il ? 10 000, 12 000 ?
Quelques-unes, viennent se poser sur les cimes au-dessus de ma tête, je les devine à l’agitation des feuilles et lors de leur envol, calme ; entre temps, je suis incapable de les localiser précisément, les feuilles sont trop denses, je ne vais pas risquer de rompre la magie, par un tir maladroit, qui va faire un magnifique trou dans les branches et un zéro pointé pour les plumes…. J’ai des fourmis dans les jambes à rester immobile, je décide d’avancer jusqu’à la fin du bois, certaines glissent vers l’avant, mais tout reste calme. Arrivé au ras d’une plantation de carolins ayant à moitié perdus leurs feuilles, j’assiste à l’envol régulier de palombes, par tout petits groupes de 2 à 5 qui descendent vers le maïs, j’ai beau fixer le haut des arbres, je suis incapable de les distinguer et pourtant il en descend toujours … certaines reviennent, mais toujours trop loin …., je roucoule, elles ne partent pas, mais n’accourent pas non plus …, je suis fasciné par le cirque, cela durera 3/4 h supplémentaires.
« Nat gormant ne s’ei jamèi artat o arregolar » Nul gourmand ne s’est jamais repus ou rassasié ….
2 heures après repassant dans le bois, les duvets descendent lentement des arbres, me confirmant que je n’ai pas révé …
Très bonne saison à vous tous.