Une aide précieuse

Comme prévu, Borys et son groupe sont partis très tôt. En l’espace d’une minute c’est un peu comme si la forêt s’était vidée.

Fabio a eu la surprise de voir cinq nouvelles palombes les rejoindre. Ce sont encore des jeunes, des Polonaises du groupe de Cyborg qui, trop fatiguées, préfèrent retrouver le groupe des Suédoises.

Dix-sept palombes sur les vingt-trois sont donc maintenant des palombes de l’année. Ce déséquilibre dérange fortement Fabio. Il n’a pas voulu de la responsabilité de chef de groupe, mais suite à l’impulsivité de sa fille il l’a dû accepter. Là, il a beaucoup de craintes. Il ne voit pas de possibilité d’aide parmi les cinq autres adultes.

Il lui est moralement impossible de déposer les armes, alors il se doit de trouver une solution, c’est impératif. Et très rapidement il la trouve.

Sa solution s’appelle Lekerly.

Sa fille a déjà fait ses preuves. Naturellement, elle est devenue la leader des jeunes palombes. Son épisode avec Lundberg est et restera dans les mémoires de Sälna.
Il part voir sa douce Volva pour lui demander conseil. Elle l’écoute, elle comprend ses craintes. Comme lui, elle est persuadée que Lekerly est la meilleure des solutions. De son côté, elle va tout faire pour protéger Ioda et Leila.

Fabio part donc voir sa fille pour lui expliquer sa problématique et lui demande son aide.

Dans un premier temps, la démarche de son père la surprend, mais finalement elle aussi admet que l’idée est bonne. Elle lui demande d’amener le groupe pour bien s’alimenter, de son côté elle a besoin de s’isoler. Elle part donc sur un grand chêne.

Quel dommage que Borys ne soit plus là, elle est persuadée qu’il lui aurait donné de précieux conseils.

Lorsqu’il est venu la voir la veille pour lui dire au revoir, il lui a conseillé de « suivre son instinct ». Mais là son instinct ne lui dit pas grand-chose.

Elle décide donc de se reposer en regardant cette belle forêt. Chaque fois qu’elle prend des décisions, Lekerly aime se « pauser ». Elle se vide la tête. A partir de là les idées se mettent en place tranquillement une par une.et au bout de 30 minutes elle met en ordre tous les points de réflexion qu’elle a imaginés.

Elle part rejoindre Fabio sur un champ voisin et lui demande de le suivre.
Elle sait que tout n’est pas réuni pour que la poursuite de leur migration se fasse de manière sereine, mais elle se veut optimiste.

Avec autorité, elle lui fait donc part de quatre propositions :

    • Il faut tout d’abord diviser le groupe en deux. En effet, Il y a trop de jeunes palombes. Si ces dernières s’entraînent dans la spirale du négatif, l’effet de groupe va être dévastateur. Fabio dirigera le plus important et elle l’autre. Même si elle ne connaît certaines jeunes que depuis très peu de temps, elle n’a pas repéré de fortes têtes et elle est persuadée qu’elle n’aura aucune difficulté de management. 

    • Vu l’âge moyen du groupe, il ne faudrait pas trop faire de kilomètres par jour, ainsi tout le monde pourra suivre. Il faut gérer le manque d’endurance des plus faibles. En revanche, sauf météo détestable, la migration doit être continue, sans halte pendant cinq ou six jours.

    • Dès le départ matinal, il est important de prendre une forte altitude, cela leur permettra d’avoir une meilleure vision afin de se prémunir d’éventuels dangers. La vitesse de vol sera faible et dès que l’on repérera un vol conséquent, on fera tout pour le suivre. 
    • Pour les haltes, on devra tout faire pour ne se poser qu’à un endroit où l’on voit d’autres palombes. Et si l’on n’en trouve pas, on se posera sur des zones les plus dégagées possible afin de limiter les problèmes liés à la non-connaissance des lieux.

Flavio apprécie toutes ces idées. Il les trouve toutes complètement logiques. Il a un sentiment de fierté très fort pour sa fille qui du haut de ses six mois l’impressionne fortement.

Le groupe se reposera pendant deux jours et si le temps le permet, tout le monde repartira prochainement.

Lekerly et son père ont ainsi le temps d’expliquer aux autres le fonctionnement à venir et pendant deux jours tout le monde se ressource bien.

Ce soir-là, à sa grande surprise, notre petite Suédoise se sent très calme et elle s’endort rapidement.

Elle aime les responsabilités, elle adore la migration et elle prend de plus en plus confiance en elle.