Lekerly ma vie en bleue
Mont-de-Marsan
Ce 10 août, même si le temps est magnifique sur toute la Nouvelle Aquitaine, il n’est pas question pour Franpa d’être dans une autre ville que celle de Mont-de-Marsan.
En effet, c’est ici aujourd’hui, dans la préfecture des Landes qu’est prévu un rassemblement citoyen pour la défense de la culture départementale et des chasses locales. Toute la journée on va y parler de sujets qui touchent son quotidien, la course landaise, la tauromachie et bien sûr la chasse, en particulier celle des pinsons et des ortolans.
A l’heure actuelle, la chasse à la palombe n’est pas encore attaquée, mais « l’air du temps » ne permet pas de baigner dans l’optimisme.
Franpa a donné rendez-vous à ses amis au bar « chez Pierre ». Francis ne peut être présent, il est parti en vacances en Belgique, mais Dédé est là avec Patrick.
Patrick, c’est le quatrième chasseur de Capu, à 56 ans, il est le plus jeune.
Originaire d’Hagetmau, il a quitté ses landes natales à ses 20 ans pour rejoindre l’univers professionnel parisien. Les bleues, il les a dans le sang et chaque
année, il prend deux semaines de congés en octobre pour vivre sa passion.
Si on l’apprécie pour sa bonne humeur, c’est, et de loin, le moins bricoleur de tous. Il se fait souvent chambrer par ses trois amis qui prétendent qu’il est né avec deux mains gauches. Mais c’est avec plaisir qu’ils l’accueillent régulièrement.
Ils sont arrivés à 11 h sur les lieux de la manifestation. Sur place, il y a beaucoup de monde, sûrement plus de 2000 personnes. A la Tribune, les politiques de tout bord sont présents. Les écharpes tricolores se succèdent aux micros.
Les trois compères écoutent tant bien que mal. Au vu du monde présent, la sono n’est pas à la hauteur. Mais l’essentiel est d’être présent.
Généralement Franpa se méfie souvent des politiques mais il en faut bien, c’est pour lui une évidence.
En revanche, il déteste ceux qui les critiquent gratuitement, sans véritable argumentaire, juste pour se donner un genre en blablatant de manière négative. Pour lui, c’est du populisme à son zénith. Le type de populisme qu’il déteste. Ce populisme qui à ses yeux représente une des plus grandes créations de la bêtise humaine.
Il y a à peine cinquante ans, la quasi-totalité des français avaient dans leur famille ou dans leur cercle amical un chasseur. A l’heure actuelle ce pourcentage est en chute libre. Du coup, la ruralité en prend « plein la gueule » et c’est fatiguant. Maintenant les urbains décident de plus en plus pour les ruraux.
Franpa ne veut pas opposer ces deux types de personnages, mais force est de constater que les deux courants de pensée qui s’en dégagent, sont en totale opposition. Les ruraux se retrouvent mis au banc de la société, un peu comme si certains ne voulaient voir dans la campagne qu’une vitrine qu’on visite le week-end. Une campagne avec de la nature et des animaux, sans êtres humains.
Une sorte d’idéalisme qui fait très peur à Franpa.
Pour lui, les chasseurs sont une composante centrale de la ruralité. Par leur passion, ils ont façonné leur environnement et ceci depuis toujours. Ils ont souvent choisi cette vie rurale, c’est leur liberté.
Patrick, qui vit à Paris depuis maintenant plus de trente-cinq ans n’arrête pas d’attirer leur attention sur le fait que la ruralité est le berceau de la fraternité et qu’il est primordial de la maintenir en vie, sous peine de voir tout partir en sucette.
Sur la problématique de la chasse, Franpa comprend la réticence de certains vis-à-vis de la mort de l’animal. Mais le plaisir de la chasse n’est pas cantonné à cette finalité, loin de là. C’est un ensemble. La chasse est un art que l’on doit communiquer dans le plus grand respect du gibier. Il faut à tout prix le faire entendre et trouver les bons mots pour l’expliquer.
Même s’il voit souvent le verre à moitié plein, il redoute qu’un jour, il faille se battre pour le maintien de cette vie, pour le maintien de cette liberté.
A 13 h, dans la foule toujours plus nombreuse, ils rencontrent d’autres paloumayres et partent tous ensemble déjeuner. Au menu, du classique, salade landaise, confit frites, salade, le tout accompagné d’un bon Tursan et clôturé d’une tourtière aux pruneaux remarquable.
Des moments simples, du bonheur pur !!!!
Pour une fois, ils ne parlent pas de palombes, le sujet du moment concerne un projet, le projet de Naguy, un célèbre producteur et animateur de la télévision qui désire relancer INTERVILLES, une vieille émission du patrimoine télévisuel français. Celui-ci veut relancer cette émission mais, sans les vachettes qui pourtant ont fait sa célébrité. Et ici, cette idée ne passe pas du tout. Quand les observateurs qui défendent cette vision argumentent en parlant de la maltraitance animale et de la place des animaux dans notre société, le sang des autochtones ne fait qu’un tour.
Il est évident que ces gens de la capitale ne sont pas du même monde. Ici, la quasi-totalité est sensible au bien-être animal et il faut bien sûr lutter contre les éventuels abus. Mais il est primordial de tout faire pour calmer les extrémistes qui se comportent de plus en plus comme des dictateurs animalistes. Quand on voit l’amour des éleveurs de vaches landaises ou camarguaises pour leurs troupeaux, comment peuvent-ils oser parler de maltraitance animale.
Comme dit Franpa, « si on n’arrive pas à se montrer, à se faire entendre, c’est sûr qu’à ce rythme, très vite, sous prétexte de maltraitance on va nous interdire de promener nos chiens en laisse ».