Lekerly ma vie en bleue
Les invités
Comme chaque année il faut dresser des pigeons pour les transformer en funambules. Voler attaché à un fil n’est pas chose naturelle pour eux. Il est donc impératif de les entraîner. Alors, dans son jardin, Franpa installe un système de va-et-vient reliant deux petits arbres à trois mètres de hauteur et régulièrement dans la journée il fait traverser l’appeau d’un arbre à l’autre.
Et aujourd’hui Franpa est fier de lui.
Cette année, sur les cinq pigeons dressés, trois sont remarquables, leurs coups d’ailes sont magnifiques. La plupart d’entre eux sont des « Bleus de Gascogne » au physique proche du rouquet.
Avec les deux de Francis et celui de Dédé (qui ont aussi le même matériel chez eux). Ils ont donc six appeaux de plus à tester dès le début octobre à Capu.
Bien sûr une fois montés à près de vingt-cinq mètres de haut, il faudra encore de la patience et des heures d’entraînement. Mais pour l’instant tout se présente bien.
Ce n’est pas encore cette année qu’ils auront des mulets. Mais comme dit l’expression, « faute de grives on mange du merle ».
Les palombes elles aussi ont bien passé leur séjour de dix mois en volière. Vers le 14 juillet, à la bonne lune, Franpa avait fait « leurs plumes ». Faire les plumes des palombes est devenu pour lui un rite annuel qu’il apprécie.
Il prend les palombes une par une, puis il enlève les plumes situées sur la queue et examine celles des ailes. Si certaines de ces dernières sont cassées ou abimées, il les enlève et supprime les symétriques sur l’autre aile.
Ceci permet une repousse durant les deux mois suivants et ainsi début octobre, elles présentent un magnifique plumage.
Et cette année le résultat est superbe. Entre les pigeons bien dressés et les superbes palombes la saison s’annonce magnifique.
À Capu on a besoin de trente-cinq appeaux.
Il faut dix-sept palombes :
• six poulets
• huit appeaux fixes
• un appeau de cabane
• deux palombes « remplaçantes ».
Et dix-huit pigeons
• quatorze va-et-vient (il en faut deux par postes, un titulaire et un remplaçant pour les grandes journées de passage)
• deux pour les balanciers
• un appeau de cabane
• un espion
L’espion est un appeau « à part », il n’est pas là pour attirer les palombes sauvages. Son rôle est de surveiller l’arrivée d’éventuels prédateurs et de « prévenir » les chasseurs.
En effet, pendant la période de passage, les appeaux sont des proies faciles pour les éperviers et les autours. Les chasseurs sont attentifs, lorsqu’ils en voient arriver, pour les faire partir, ils crient et gesticulent. Logiquement cela suffit.
L’espion sert à améliorer leur vigilance. Il est positionné à hauteur de regard à environ cinq mètres de la cabane. Quand l’espion est dressé sur ses pattes avec le cou tendu (on dit qu’il est quillé) c’est qu’il y a un prédateur qui arrive. Il avertit donc les chasseurs du danger.
Chaque année Franpa aime faire découvrir sa passion à des invités. Très souvent, il s’agit de personnes qui ne connaissent pas la chasse.
Dans un premier temps, ils sont enthousiastes en voyant les installations. Puis, ils se font souvent discrets, restant tranquillement à l’endroit qu’on leur indique, conscients du privilège qu’il leur est offert.
Tous sont subjugués par cette passion qui déborde à tous niveaux.
Bien sûr, le nécessaire est fait pour leur offrir un superbe repas local (et dans cette belle région on s’y connaît). Lors de ces moments, l’on se permet même de ne pas boire qu’un apéritif !!!! Les journées invités sont des journées « à part » où l’on peut s’accorder certains excès.
Et si cette journée tombe sur une journée de passage alors là c’est la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas un bon souvenir que vont garder les invités mais le souvenir d’une journée inoubliable, une journée de RÊVE !!!!
Bien sûr, ils n’imaginent pas tout le travail qui est réalisé en amont.
Les statistiques effectuées à ce sujet indiquent que l’entretien de la cabane et des installations représente un travail de près de cinquante-trois jours par an. On peut dire qu’à Capu, on est dans cette moyenne. Mais ça Franpa, il n’en parle jamais ou du moins le moins possible !!!!
Montrer naturellement sa passion est ce qu’il préfère. Chaque fois qu’il voit partir un invité qui est tombé amoureux du moment, il jubile. Pour lui, les relations humaines sont la première source de bonheur.
Finalement, on peut dire qu’avec son équipe, ils se font plaisir en offrant des moments conviviaux. Et ces instants, quand ils baignent dans de l’authentique, ils prennent une sacrée « Dimension ».
Une des plus belles choses qu’ils peuvent offrir c’est leur passion.