Lekerly ma vie en bleue
Le travail des sols
Le mois de septembre vient de commencer et ce week-end un gros travail sur les sols est prévu.
L’année dernière, Dédé et Franpa ont vécu un drôle de moment. Un de ces moments où l’intensité de ta frustration est telle que tu es obligé de transformer ton installation l’été suivant pour ne pas la revivre.
C’était un après-midi de novembre, depuis dix jours il pleuvait, c’était fatiguant.
Ils se demandaient s’ils n’étaient pas complètement cinglés d’être là, sous la pluie, à regarder ce ciel uniforme gris foncé. Les périodes humides sont celles qu’ils détestent le plus.
Ils préfèrent de loin guetter dans le froid, même si la température « pique », il suffit de bien se couvrir et d’allumer le poêle à bois, sa chaleur est bénéfique et ils adorent les odeurs qui s’en dégagent.
Pendant les périodes de pluie les chasseurs installent de grandes tôles métalliques sur le poste de garde. Ils peuvent ainsi rester à l’abri. Ce jour-là, le « plouf plouf » était constant sur les tôles avec par moment du « PLOUF PLOUF PLOUF !!!».
L’espoir était aux abonnés absents. En effet, sous la pluie, il est rare de voir des vols. Ils n’avaient même pas sorti les fusils c’est pour dire.
Et tout d’un coup, vers 10 h 30 un énorme vol se posa au niveau de la zone filet. Si Patrick avait été présent, il aurait parlé d’un brouy de palombe, ou d’une trume de chez trume.
Ils y foncèrent comme des « morts de faim ». Arrivés sur place, il n’y avait aucune palombe en haut des arbres. Elles étaient toutes sur des petites branches, dans le sous-bois, ça grouillait, ça virevoltait !!!
Franpa bien motivé, sortit son plus beau roucoulage.
Trois minutes plus tard, elles arrivaient par wagons et se posaient au sol partout ...... partout, sauf sur leurs deux sols. Sur le tunnel, le long des tunnels, sur les chemins, sur tous les sols de la forêt sauf …. Sur leurs sols :-(.
Faut dire que celui des chênes ressemblait à un petit lac et celui des pins à un terrain de boue style tranchée 14/18.
Les morpionnes, elles marchaient le long des filets et pas une seule n’est venue voir les poulets. Un quart d’heure plus tard tout s’était envolé. Ils se regardèrent
comme deux schtroumpfs et ne virent même pas la dernière qui a dû leur dire :
« Oh les gars, il faudrait peut-être que vous entreteniez un peu mieux vos sols pour nous mériter. À bientôt »
Les bleues, ils les aiment, même quand elles se foutent ouvertement d’eux !!!!
Franpa est persuadé que les chasseurs doivent s’adapter en évitant de rester sur leurs acquis. Un oiseau aussi intelligent que la palombe n’est pas assez naïve pour se laisser éternellement tromper par quelques appeaux qui s’agitent.
L’heure est venue de se remettre en cause en cherchant à mieux connaitre leur évolution, en perfectionnant les techniques de chasse et en changeant ses habitudes. Pour lui, Il est impératif de remettre en question son installation chaque saison. En effet, la force de l’innovation se doit toujours d’avoir une longueur d’avance.
Il aime beaucoup toutes ces problématiques, parfois il dit même que la recherche de toutes les nouvelles innovations à mettre en place, est ce qu’il préfère.
En accord avec Dédé, ils avaient décidé de transformer les deux zones « filet ».
Dans un premier temps, il est primordial que les oiseaux puissent atterrir ou décoller sans être gênés par la végétation. Sur ce point il n’y avait pas de véritable problème.
Par contre, il fallait impérativement rendre bien plat le sol des chênes et semer de l’herbe sur celui des pins.
Si la deuxième intervention a été assez rapide, un coup de motoculteur et le tour était joué. Pour le sol des chênes, ce n’était pas la même histoire. Comme le sol n’est pas plat, ils ont décidé de prendre de la terre environnante pour le combler. Mais, trouver de la terre dans cette forêt n’est pas aisé. Il y a beaucoup trop de racines diverses et de caillasse. Le travail prévu était d’une journée. Finalement il faudra trois jours.
Ils en ont profité pour créer une petite retenue d’eau sur le sol des chênes. Celle-ci est reliée à une réserve d’eau, située dans le tunnel. Ainsi en l’ouvrant on peut créer un bruit de ruissellement augmentant l’attractivité des lieux.
Sur le sol des pins, ils ont planté avec le gazon du trèfle. Cette idée vient de l’oncle de Dédé, un paloumayre de 85 ans. Les idées des anciens il faut les suivre, c’est obligatoire, c’est inscrit dans leur « constitution ».
L’année prochaine, ils installeront même une véritable volière.
Le travail d’entretien d’une palombière réserve parfois de drôles de surprises et permet de la créativité qui marche ou ...... qui ne marche pas.