Lekerly ma vie en bleue
Le départ de Cibórz
Ce 26 septembre est la journée du grand départ des Polonaises de Cibórz.
Les vents sont modérés est/nord/est et le temps est clément, bref les conditions sont parfaites. Ce départ sera effectif à la pointe du jour.
Comme prévu les quatorze palombes du groupe de Fabio suivent celui de Borys à trente secondes. Ce dernier est conséquent. Il est composé d’un peu plus de cinquante oiseaux. Il y a des familles entières.
Pour la première fois, Lekerly se rend compte très rapidement qu’il y a plusieurs autres vols de palombes dans le ciel. Elle en voit autant sur son aile droite que sur son aile gauche. Ce sont des groupes de dix à cinquante unités. Toutes volent à peu près à la même altitude.
Souvent, elle double par le haut des petits vols de petits oiseaux. Ils volent bien plus bas et moins vite. Parfois, elle les voit à peine. Il y a des pinsons, des alouettes, des grives et plein d’autres espèces.
En moins d’une heure elles arrivent en Allemagne.
Elles continuent tout droit pendant deux bonnes heures, la température est de plus en plus élevée, par moments elle dépasse les trente-cinq degrés.
La première zone de repos est une grande prairie au sud de Dresde. Tout le monde a besoin de s’alimenter. Par chance, il y a un petit ruisseau qui coule en bordure. C’est un régal de boire et même rapidement de s’y baigner.
La fatigue est déjà présente (deux cents kilomètres ont déjà été effectués) mais les conditions météo sont tellement optimales que tout le monde repart l’après-midi même, pour franchir la frontière de la République tchèque et faire une halte dans un endroit hallucinant, la forêt de Krivoklátsko.
Située à cinquante kilomètres à l’ouest de Prague, c’est un lieu magique qui s’étend sur des centaines de kilomètres carrés. Un lieu où les forêts profondes côtoient des falaises massives, des châteaux forts et des ruines mystérieuses.
Ce paysage envoûte Lekerly.
Mais la migration est en cours et dès le lendemain matin tout le monde est en route, le tout avec des vents toujours exceptionnels.
Cette belle journée leur permet d’atteindre une nouvelle fois la frontière allemande. Dès le matin, quatre nouvelles palombes ont rejoint le groupe des Suédoises, quatre jeunes palombes tchèques. Le groupe devient de plus en plus important.
Ioda vole toujours en compagnie de Karen. Ils deviennent inséparables ces deux-là :-)
Leila elle, est souvent avec sa maman, elle commence à fatiguer mais Volva sait la réconforter et l’encourager.
Au deuxième jour, nous nous arrêtons tous à trente kilomètres au sud de Stuttgart dans une ville au nom imprononçable « KirchheimUnterTeck ». Nous avons parcouru plus de 650 kilomètres.
Jamais Lekerly n’avait volé aussi loin et aussi longtemps. C’était aussi le cas de toutes les jeunes palombes.
Le soir Fabio retrouve Borys, il le remercie de tout ce qu’il a fait pour eux. Mais, il se doit de faire une halte. Son groupe est constitué de beaucoup de jeunes palombes (douze sur dix-huit), il est donc primordial qu’elles puissent se reposer.
Borys comprend très bien la situation, il ne peut s’empêcher de le féliciter pour le respect qu’il montre dans sa fonction de chef de groupe. Cependant, ce soir avant de se quitter il est important qu’il lui donne un dernier conseil.
« Ton groupe risque d’avoir de plus en plus d’éléments et vous allez devoir évoluer dans des zones que tu ne connais pas. Même s’il est essentiel de se regrouper pour se protéger, il faut que tu aies conscience que ces rassemblements attirent les
prédateurs. Alors le soir pour choisir ton dortoir tu devras être malin. Tu regrouperas ton équipe jusqu'à la nuit sur un pré-dortoir, et au dernier moment, quasiment dans l'obscurité, tu feras passer rapidement tout ton groupe sur le vrai dortoir que tu auras préalablement repéré, ainsi tu laisseras derrière toi les indésirables. »
Fabio l’écoute attentivement avec un grand respect.
Avant de partir se coucher Borys rend une dernière visite à Lekerly. Il sait qu’il y a très peu de chances de la croiser de nouveau. Mais il tient à lui dire tout le bien qu’il pense d’elle.
Pour Fabio et sa fille, Il sera l’une des plus belles rencontres de cette migration.