Lekerly ma vie en bleue
La soif de connaissance
Ce 25 septembre, il y a beaucoup d’agitation dans la communauté polonaise. Un peu comme en Suède il y a huit jours. Tout le monde sent qu’il se passe quelque chose.
Depuis deux jours les nuages ont disparu et le vent fort s’est bien calmé. Le soleil réchauffe les oiseaux et c’est un plaisir pour eux de se reposer en haut des chênes bien ensoleillés. Après trois jours de pluie et de vent, c’est un régal pour tous.
Borys prévient Fabio du probable départ rapide.
Les huit migrations qu’il a déjà effectuées lui permettent d’avoir une très grande expérience. Depuis maintenant trois ans, il est le dominant du secteur et il est connu par tous. Il sait que le jour du départ, son groupe sera très conséquent. Il lui est donc extrêmement difficile d’intégrer les Suédoises.
Mais comme il apprécie très fortement Lekerly et son père, il propose à Fabio que son groupe le suive à quelques centaines de mètres de distance.
Fabio accepte avec enthousiasme. Il garde ainsi la responsabilité de sa communauté et il pourra faire son job avec moins de pression.
Il lui conseille aussi de prévenir tous les membres de son équipe sur les difficultés qu’il y aura de tous se
suivre. Les aléas de la migration vont souvent diviser involontairement les groupes et même les familles, mais il ne faut pas s’inquiéter la véritable famille est celle des palombes.
Si l’on ne retrouve pas ses proches, ce n’est pas grave. On doit poursuivre la route et on se retrouvera plus tard, au printemps prochain quand tout le monde regagnera son domicile. Cette règle doit être bien comprise par tous.
Fabio donne ces informations à son équipe. Si les adultes qui ont déjà effectué des migrations comprennent très bien la situation, il n’en est pas de même pour les palombes de l’année. Notamment celles comme Karen qui n’ont jamais quitté leurs parents.
Comme sa fille, Fabio apprécie beaucoup Borys. Ils ont beaucoup de chance de l’avoir rencontré.
Lekerly vient rapidement les rejoindre. Son père lui résume la situation. Elle aussi est très satisfaite de la tournure des événements.
Elle a vraiment envie de continuer cette découverte géographique en rencontrant plein de nouvelles palombes. Il lui tarde donc de reprendre la route, mais avant elle veut en savoir plus sur les humains. Encore une fois elle s’isole avec Borys, elle adore ces moments. De son côté, il y a longtemps qu’il n’a pas rencontré une jeune palombe aussi avide de
conseils. Il se demande même s’il en a déjà rencontré une. Lui qui adore raconter sa vie et transmettre ses connaissances. Il est aux anges. Elle l’écoute avec passion.
Il croit très fort en la force de leur espèce. Bien sûr, il sait qu’elle ne peut pas façonner la nature comme le font les hommes. Elle n’en a ni l’envie, ni la compétence. Elle préfère vivre simplement.
Mais, il est persuadé que leurs habitudes de vie vont les rendre de plus en plus fortes. Les générations de palombes se succèdent et l’espèce va de plus en plus se développer.
Il cite l’exemple de Lekerly. Sa maman est suédoise, son papa italien et ce mélange donne souvent des palombes comme elle, malines, curieuses et intelligentes.
Ce mélange, la plupart des hommes ne savent généralement pas le faire, il ne sait pas pourquoi.
Pour Borys, il n’y a rien de pire pour une espèce que de ne pas mélanger son sang. Il lui apprend que les hommes l’ont évité pendant longtemps. A une époque, certaines de leurs lignées se sont carrément détériorées. Malgré leur supériorité leur développement s’en était fortement ressenti.
Dans la famille des oiseaux, les palombes sont réputées pour avoir conservé leur côté sauvage en
gardant ancrées en elles l’entraide et la fraternité. Ceci leur permet de lutter aux mieux contre les multiples prédateurs qui existent.
Lekerly est aux anges, elle est heureuse d’apprendre autant de choses.
Ce n’est pas en restant à Sälna, avec ses connaissances locales, qu’elle aurait pu satisfaire son besoin de curiosité.
Elle est fière de faire sa migration. Elle est fière d’être une palombe.