Lekerly ma vie en bleue
La détermination
Pendant l’après-midi de ce 9 octobre, l’ensemble de notre famille suédoise se réunit sur un vieux pin.
Volva et ses deux filles décrivent avec passion leur matinée et ce survol magique de la mer pendant quelques minutes. Leila qui n’exprime que rarement ses sentiments, est plus qu’enthousiaste. Ce moment est pour l’instant l’un des plus beaux de sa migration.
Du coup Ioda regrette de ne pas s’être joint à elles. Il a passé toute sa journée avec Karen. Fabio lui aussi a quelques regrets, mais il se devait de rester avec son groupe en l’absence de Lekerly.
Pendant la journée, de nombreuses palombes lui ont dit leur volonté de rester sur place plus longtemps. Le secteur est tellement calme et il y a de la nourriture à profusion. De plus, certaines qui ont déjà migré lui ont expliqué que l’année précédente elles étaient restées tout l’hiver sur place. Apparemment elles avaient été très nombreuses et tout s’était très bien passé.
Du coup, Fabio se demande si cette possibilité ne serait pas une bonne solution. Parcourir mille kilomètres de plus est fatiguant. En plus au mois de février il y aurait mille km de moins à faire pour repartir à Sälna.
Leila, la moins endurante est de l’avis de son père. Volva et Ioda eux n’ont pas d’idée bien définie. Lekerly comprend, mais en revanche elle refuse cette possibilité. Pour elle, pour sa première migration, il est obligatoire de faire le parcours historique de son espèce. Elle veut au moins le faire une fois dans sa vie. A de multiples reprises, elle s’est engagée sur sa destination finale auprès des autres palombes du groupe. Il est donc hors de question de se désengager. Devant une telle insistance, toute la famille décide de suivre son idée.
Le soir, elle parle longtemps à de nombreuses palombes qui veulent rester sur place. Elle rencontre même une locale qui passe toute l’année ici. Ce qui surprend le plus Lekerly est le fait que la plupart d’entre elles n’ont jamais fait la migration historique et n’en ont tout simplement pas l’envie.
Elle qui aime apprendre, elle qui aime les découvertes, elle accepte cette différence, mais ……. Elle a du mal à la comprendre.
L’espèce des palombes est comme beaucoup d’espèces. Les oiseaux qui la composent sont très différents les uns des autres. Pour Fabio, l’on doit être tolérant avec les différences. L’important est dans la liberté que chaque palombe peut avoir.
Depuis leur arrivée à Labouheyre, de très nombreuses palombes sont arrivées du nord, en particulier beaucoup de Belges et de Hollandaises.
Un petit groupe d’Anglaises est même présent. Toutes semblent sous le charme du secteur, chacune a son histoire de migration. Pour certaines, tout a été très tranquille, pour d’autres la galère a été au rendez-vous.
Contrairement à nos Suédoises, de très nombreuses familles ont été séparées, mais elles sont préparées à cette éventualité et tout se passe au mieux.
Même si les groupes restent unis, il est fréquent qu’ils se rencontrent sur les quelques parcelles de champs de maïs qui viennent d’être ramassé.
La journée est très belle et pourtant Lekerly n’a vu qu’un petit vol de dix unités qui fonçait vers les Pyrénées. C’est un peu comme si une « halte générale » était déclarée. Fabio sent que beaucoup resteront sur place.
Encore une fois, il s’isole avec sa fille.
Il lui répète que l’idée de rester sur place est sûrement une bonne idée. Il est inutile de dépenser trop d’énergie s’il n’y a pas de besoin vital. Tout ne peut être similaire au passé et l’important est de s’adapter.
Bien sûr, elle comprend d’argumentation de son père, elle l’écoute avec respect, même si elle a du mal par rapport à la non-volonté de découverte de beaucoup.
Mais sa décision est prise, elle se refuse à revenir dessus.
Même si elle est d’accord pour rester encore un jour de plus dans ce magnifique secteur, elle lui confirme donc son départ le surlendemain.