Lekerly ma vie en bleue
L’entrée en France
Finalement, le groupe de Fabio s’est reposé pendant 4 jours dans ce beau coin d’Allemagne. Cette longue halte a fait beaucoup de bien aux organismes, et le 2 octobre au matin l’ensemble du groupe est en pleine forme. La motivation est au rendez-vous.
Comme prévu la reprise s’effectue en deux vols.
Le premier, celui de Fabio est composé de treize palombes, toutes les adultes et sept jeunes dont Leila, Karen et Ioda. Cent mètres plus loin, Lekerly mène un plus petit groupe de dix jeunes palombes.
Le temps est très nuageux, les averses sont prévisibles, mais il n’y a rien de catastrophique.
Le premier jour est très tranquille. Le vol entre en France au niveau de Friesenheim.
A peine le Rhin traversé, Fabio a la surprise de voir devant lui de très nombreux nuages bas. Il décide de faire prendre de l’altitude à l’ensemble du groupe. Ainsi, très rapidement les deux vols prennent de l’altitude. Le spectacle est grandiose, hormis le fait de voir en dessous une mer vallonnée de nuages blancs, nos Suédoises ont très vite la surprise de découvrir sur leur aile droite une magnifique forteresse restaurée du XIIème siècle.
Il s’agit du château du Haut Koenigsbourg. Le soleil lui donne de multiples colorations roses qui tranchent avec le vert de la cime des arbres et le blanc des nuages qui semblent accrochés à la forêt.
Après un peu plus de deux cents kilomètres tout le monde se rejoint au niveau de Thann, une petite ville près de Mulhouse en bordure du parc naturel des Ballons des Vosges.
Ce trajet aura duré quatre heures et aucun autre vol n’aura été repéré. Au final, il n’y a pas eu de difficulté majeure.
Le lendemain, les deux groupes survolent l’Auvergne et après deux cent cinquante kilomètres, rejoignent une forêt à Frideroche.
La recherche de nourriture est délicate. Dans cette région les forêts de sapins sont très importantes et denses. Elles se succèdent les unes aux autres et ne laissent que très peu de place aux champs. Les vents porteurs ont facilité la progression. Mais il est impossible de bien s’alimenter, il faut donc vivre sur ses réserves.
A peine la nuit tombée, l’ensemble des palombes s’endort très vite avec l’espoir de trouver de la nourriture dès le lendemain.
Ce 4 octobre, le vent est beaucoup plus soutenu et le soleil aux abonnés absents. Du coup la journée fût
plus difficile et seuls quatre-vingt kilomètres sont parcourus. Lors de cette journée deux jeunes palombes rejoignent le vol de Lekerly.
Il s’agit de deux Biélorusses qui sont complètement perdues. Le soir, Lekerly tente de parler avec elles mais leur accent est tellement bizarre que la communication est très difficile et du coup, elle ne dure pas longtemps.
La nuit est agitée, le dortoir trouvé par Fabio est loin d’être idéal, mal orienté avec une pluie très forte qui fait un bruit assourdissant. C’est de loin la pire nuit depuis leur départ de Sälna.
Tout le monde veut se reposer, mais il faut trouver une terre plus hospitalière. Fabio et Lekerly sont d’accord sur ce point et malgré la pluie qui continue à tomber dès le matin, ils profitent d’une très légère amélioration pour faire repartir tout le groupe.
Au vu des conditions météorologiques, il est impossible de prendre de la hauteur. Chaque kilomètre parcouru s’effectue avec une forte dépense énergétique. Heureusement, après une heure, elles survolent un relief très vallonné et repèrent une belle forêt protégée du vent.
Quand le groupe se pose, il découvre avec surprise que de nombreuses autres palombes se sont protégées du mauvais temps en se positionnant sur les branches basses.
On est tout près de Rocamadour mais le temps ne permet pas de visiter le secteur.
Cette nuit est un peu meilleure que la précédente, mais le réveil est désordonné.
Dès le matin, Lekerly comptabilise le groupe de palombes avec qui elles ont passé la nuit. Elles sont dix-huit et semblent perdues et complètement désorientées.
La plupart d’entre elles sont des Ukrainiennes. Elles expliquent à Fabio qu’elles ont perdu le reste de leur vol et qu’elles n’ont aucun référent.
Le destin a encore amené une nouvelle problématique. Maintenant le groupe est constitué de quarante-trois palombes.
Dans cette confusion et vu le temps toujours peu engageant, Fabio et sa fille décident de rester sur place quelques jours.
La veille, ils ont repéré quelques champs à proximité qui faciliteraient l’alimentation et la récupération.
La rencontre de ces Ukrainiennes vient chambouler la donne.