Lekerly ma vie en bleue
L’automne et ses champignons
Ça y est depuis trois jours nous sommes « officiellement » en automne.
Franpa n’est pas fan de l’été, il y a trop de moments de chaleurs où l’on voit de plus en plus se succéder des périodes de canicule. Il supporte mieux les températures du printemps, mais pendant cette période, il a beaucoup de travail pour l’entretien de son parc. Quant à l’hiver, si ses températures sont plaisantes, il n’aime pas voir la nature « morte ».
Pour l’automne c’est complètement différent, en plus des températures très clémentes c’est la saison des bleues. Et ça c’est plus important que tout. Il n’y a pas photo.
L’automne est « sa saison ».
En ce 24 septembre il accompagne Patrick à la palombière.
Après l’épisode du nom des appeaux ce dernier désire se rendre utile. Et du travail, il y en a toujours à Capu. Franpa décide de lui faire nettoyer l’ensemble des sols des tunnels. Ces derniers sont recouverts de feuilles, de petites branches et de vieux glands. Quand on marche dessus cela fait du bruit. De plus, depuis la saison dernière la nature
commence à reprendre ses droits et les petites fougères poussent un peu partout.
Voilà un bon boulot pour Patrick se dit-il. Ce n’est pas trop compliqué, il ne peut rien casser, il va s’en sortir.
Pendant ce temps, il fait le tour des petites cages qui servent d’abris nocturnes aux pigeons pendant la saison de chasse. Il en nettoie certaines et consolide celles qui ont le plus souffert. Puis, il se dirige vers le dortoir des palombes pour un grand nettoyage. Pour le bon fonctionnement de la chasse, il est important que ces lieux soient fonctionnels et désinfectés. En une heure et demie sa tournée est terminée.
La forêt est calme, il n’y a pratiquement pas de bruits, on entend juste les coups de balai de Patrick qui par moment jure dans un brouillard de poussière.
Franpa est bien dans cette forêt, il ne peut s’empêcher de penser à tous les bons moments à vivre dans les deux mois à venir. Car sauf cas de force majeure il ne quittera pas cet environnement pendant près de soixante jours.
En mars dernier, une saloperie de virus venu de Chine s’était répandue sur l’ensemble de la planète, entraînant en France, le décès de dizaines de milliers d’habitants. Un confinement strict de deux mois avait été mis en place. C’était la seule solution pour sortir de cette crise sanitaire. Il n’ose pas imaginer un nouvel épisode de ce genre. Une horreur absolue
que personne n’aurait pu imaginer à l’exception des scénaristes de films de science-fiction.
L’arrivée de Patrick souriant et couvert de poussière lui permet de sortir de ce sentiment de tristesse.
L’ensemble des sols des tunnels est maintenant nickel. Une véritable surface en terre battue, où l’on peut facilement se déplacer sans bruit.
De l’eau fraiche va leur faire du bien.
Comme la matinée n’est pas terminée, Franpa et Patrick partent faire un tour aux champignons. La dernière lune a été propice et il y a eu une belle pousse.
Le bois de Capu n’est pas un bois très réputé pour les cèpes, mais parfois avec de la chance, il leur arrive de faire de belles petites trouvailles. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.
Ne voulant pas rentrer bredouilles, ils descendent jusqu’au ruisseau puis remontent au tuc de Léa. En effet derrière ce tuc de pins se trouve une prairie qui borde une forêt de chênes où l’on trouve parfois des coulemelles.
La coulemelle ou « Lepiote élevée » est un champignon qui l’a toujours attiré. Sa taille l’a dans un premier temps séduit (c’est quand même sympa de ramasser des champignons volumineux). De
plus, il n’y a que très peu de chances de les confondre avec d’autres espèces.
Puis, il aime son goût fort, très prononcé qu’il ne peut décrire ni rapprocher d’un autre. Une saveur qu’il aime tout simplement !!!
Et ce jour-là nos amis en ramènent un plein panier. Ils vont se régaler.
Ces champignons prennent l’huile à la cuisson donc avant ils les feront « suer » dans une poêle sans matière grasse. Après, il suffit d’ajouter un peu d’ail et de crème fraîche et le tour est joué.
La diversité des espèces qui existent chez les champignons permet de multiplier les plaisirs qu’ils apportent. Si les cèpes font l’unanimité de tous on s’aperçoit que chaque chercheur a son champignon fétiche.
Ainsi la coulemelle de Franpa doit rivaliser avec :
• les pieds de moutons de Francis,
• les giroles de Dédé,
• et les trompettes de la mort et les choux fleurs de Patrick encore moins connus sous le nom de « sparassis crépu ».
Dans son beau département à l’automne, la majorité des Landais appartient à l’une de ces trois catégories de personnages :
• Ceux qui regardent en bas à la recherche des champignons,
• Ceux qui regardent en haut pour voir les bleues,
• Et ceux qui regardent en haut et en bas.
Franpa et ses trois amis font partie de cette troisième catégorie.