Lekerly ma vie en bleue
L’attrait de la mer
Le réveil de ce 9 octobre est très matinal. Toute la nuit, le ciel a été étoilé et ce matin les premières lumières sont chaudes.
Lekerly est surprise, elle a l’habitude des réveils dans les bois, mais ici, tout est « à part », tout est différent. Chaque bois a son odeur, certains ont des odeurs fraîches, d’autres des froides ou d’autres fortes. Ici elles sont douces et sereines.
La combinaison du beau temps, cette température clémente et la profusion de nourriture amènent Fabio et sa fille à proposer une halte repos de vingt-quatre heures. Le groupe est maintenant de quarante-sept unités.
Lekerly fait rapidement la connaissance de Vlad. C’est un Biélorusse de trois ans. La communication passe très bien entre eux.
Il est étonné de la jeunesse de son nouveau chef de groupe, lui, il est discret et ne se met que rarement en avant. En revanche, comme notre petite Suédoise, il a une passion, celle d’écouter les anciens. Quand on sait lui parler, il adore résumer tout ce qu’il a appris. Et ça Lekerly l’a bien compris, pour elle c’est de l’or. Vlad est un « puits de sciences ».
Il lui donne plein de conseils. Maintenant beaucoup sont devenus pour elle une évidence. Il lui recommande en particulier de se poser toujours au milieu des champs vastes, en étant toujours le plus éloigné possible des haies et de la lisière des forêts.
Vlad lui en apprend aussi beaucoup sur les hommes, cette drôle d’espèce qui peut être aussi fabuleuse que catastrophique. Il faut les suivre de loin et surtout avoir le moins de contacts possible avec eux.
Vlad lui conseille de s’envoler avec ses amis, lorsqu’un homme s’approche.
Si le groupe est important et le lieu très attractif, on peut laisser une palombe sur place.et l’on fait un grand tour. Si l’homme passe son chemin on peut revenir sur place. Par contre, s’il ne s’éloigne pas, l’éclaireur retrouve le vol et tout le monde part ailleurs.
En reparlant de leur migration de la veille, les deux nouveaux amis constatent qu’ils ont vécu la même sensation. Ils ont été très surpris de la grande étendue d’eau qu’ils ont devinée sur leur droite en arrivant. Vlad qui a déjà fait deux migrations ne l’a jamais vue. Ils décident de profiter de cette journée de repos pour aller voir ça de près. Ils sont accompagnés de Volva, Leila et de trois autres Biélorusses.
A dix heures, ces sept palombes prennent donc la direction du plein ouest. Elles luttent contre les forts vents de Nord-Ouest et parcourent environ soixante kilomètres pour arriver au niveau d’un beau lac. Elles se posent sur de magnifiques chênes lièges qui bordent la rive. Elles sont à Soustons.
Mais ce qui les intéresse le plus est dix kilomètres plus loin, de l’autre côté du lac, c’est une étendue d’eau qui semble immense.
Après quinze minutes de pause elles repartent. Le spectacle est incroyable. Depuis maintenant deux jours, elles volent sur cette forêt qui n’en finit jamais et là devant eux se trouve une étendue d’eau qui elle aussi semble ne pas se terminer.
Forêt et mer sont séparées par une simple ligne blanche de cent mètres qui remonte à droite et à gauche. Cette vision magnifique rappelle à Lekerly l’épisode de Sälna et de la mer de Bothnain. Mais elle n’a pas oublié les conseils que lui a donnés Fabio. Au bout d’une minute le groupe fait demi-tour.
Il est midi et nos sept amis ont pris la décision de retrouver le groupe du matin. Elles sont juste au-dessus du clocher de Soustons quand celui-ci sonne ses douze coups. Au premier coup, Leila, qui est la plus proche de l’église, est tellement surprise qu’elle fait un drôle d’écart.
Une heure plus tard, elles rejoignent toutes, le groupe à Labouheyre. Cette journée a été superbe.
Lekerly est fière de voir sa maman et sa sœur suivre toutes ses consignes de vol. Volva elle, jubile de pouvoir passer du temps avec ses deux filles. Il est quatorze heures, le temps est superbe, il y a de la nourriture partout.
C’est génial.