Lekerly ma vie en bleue
Borys
Cela fait maintenant quatre jours que Lekerly et ses amis sont bloqués en Pologne. Ils passent une grande partie du temps regroupés dans un coin du bois relativement protégé. Le temps est très pluvieux. Le très fort vent d’Ouest rend trop délicate toute tentative de nouveau départ. Fabio décide donc de rester sur place quelques jours.
Heureusement la cohabitation avec les palombes locales est parfaite. Tout le monde sympathise.
Lors d’une éclaircie, l’ensemble du groupe est allé s’alimenter sur un petit champ voisin. A cette occasion, notre petite Suédoise a fait forte impression lorsqu’elle s’est posée, au centre du regroupement.
Fabio qui s’était posé juste un peu plus tôt a eu quelques craintes, mais le dominant local n’a pas eu de réaction négative.
Au contraire, sans aucune agressivité il s’était dirigé vers Lekerly et a entamé la conversation.
Il s’appelle Borys, il a 9 ans. Au début, Lekerly a de fortes difficultés pour le comprendre, son accent est très prononcé, très guttural et rocailleux. Mais assez rapidement cette difficulté s’atténue. S’il est surpris par l’âge de notre amie, cela ne le choque pas « La valeur n’attend pas le nombre des années ». Ils sympathisent très rapidement.
Dans sa soif d’apprendre, Lekerly est ravie. Borys adore blablater. Il lui fait aimer cette forêt dense qui dans un premier temps avait perturbé nos Suédoises. Il lui résume ses avantages et ses inconvénients. Elle qui aime la diversité, elle est ravie.
Le 23 au matin il l’amène près d’une ferme. Il veut lui parler d’un sujet qui le passionne… Les Hommes.
Volva lui en avait rapidement parlé en lui disant simplement qu’il fallait s’en méfier. Le seul contact qu’elle avait eu avec eux remontait à Sälna, pendant sa jeunesse.
Une petite fille venait souvent jouer près du chêne du moulin. Parfois elle marchait, parfois elle courait. Dans tous les cas, elle ne semblait pas hostile, mais comme son père le lui avait conseillé, elle s’envolait dès qu’elle la voyait arriver trop près.
Borys a fait de ce sujet son besoin de connaissance prioritaire. Il en est devenu un spécialiste.
Il lui explique tout d’abord que l’homme est très intelligent, qu’il arrive à façonner la nature à sa convenance. Cependant il faut s’en méfier car il est capable de tout.
C’est lui qui fabrique tous les champs qui nous permettent de trouver beaucoup de nourriture, et pourtant, il lui arrive de détruire des forêts entières. Il lui dit également qu’ils sont capables pour de simples détails de se déchirer avec leurs semblables.
A sa grande surprise, il lui explique qu’il y a de fortes tensions entre les hommes de pays différents. Et même parfois entre des hommes d’un même pays.
Se déchirer avec ses semblables. Lekerly a vraiment du mal à comprendre. Dans son espèce, il y a parfois quelques tensions, mais tout se remet dans l’ordre très rapidement.
Là, Borys lui apprend que chez les humains, il n’y a pas de limites. Il lui décrit certains exemples qui la font frémir. Par moments elle se demande même s’il n’exagère pas. Mais non, il est très sérieux.
Ce qui surprend le plus Lekerly, c’est d’apprendre que beaucoup d’humains ne supportent pas les différences notamment au niveau de la couleur de leur peau.
Chez les palombes, il existe plein de différences au niveau de la couleur des plumes. Par exemple, ici en Pologne le poitrail est surtout dominé par une couleur proche du violet, en Suède c’est plus le gris qui domine. Et pourtant on ne fait pas de différence entre nous. Il n’y a pas de tensions.
Il faut s’entraider et l’on s’aide « naturellement ». C’est pour elle une évidence.
Il en est de même avec les rouquets, nos petits cousins si marrants. On les adore, ils sont géniaux même si morphologiquement nous sommes très différents. Nous appartenons à la même famille et c’est ça qui compte.
Le sujet des hommes est passionnant. Elle désire mieux les connaître. Ils ont l’air tellement bizarre !!!!
Elle en arrive même à se demander si ça vaut vraiment le coup d’être « plus intelligent ».