Lekerly ma vie en bleue

publié le Lundi 12 Octobre 2020

« Les délires de Patrick »

publié le Mardi 20 Octobre 2020

C’est bien la première fois depuis très longtemps que Patrick se trouve sur Hagetmau une semaine entière au mois de septembre. Par définition, un paloumayre est avant tout un bricoleur. Avec Patrick, on a le contre-exemple, l’exception qui justifie la règle.

Cette semaine, il désire être utile à la palombière. Bien sûr il se sait très peu doué. Mais ici, il y a toujours du travail qui ne nécessite pas de techniques particulières ou de connaissances spécifiques.

Il décide donc de repeindre tout l’intérieur de la cabane. La dernière fois que ce travail a été effectué, c’était il y a huit ans et les murs boisés blanc et bleu présentent à ce jour des altérations.

En deux jours le travail est accompli, tout le mobilier est nettoyé et l’ensemble des murs et des plafonds sont recouverts d’une bonne couche de peinture. Il faut maintenant attendre quelques jours pour mettre la deuxième.

Dans une cabane chacun apporte sa touche, en fonction de sa technicité ou de sa sensibilité. Patrick ne peut s’empêcher de sourire, quand il découvre les nouveaux ajouts qu’ont effectués ses amis.
Franpa a installé une nouvelle zone pour récupérer les cartouches après utilisation. Il tient à cette démarche écologique qui va dans le sens de la protection et la sauvegarde des milieux naturels. Dans le département des Landes il y a six points de collecte afin de les amener en filières spécialisées pour leur destruction.

Dédé lui, a créé une nouvelle étagère sur la table coulissante du poste de guet. Tout est étudié pour qu’en cours de repas, si un vol arrive, l’ensemble de la table se glisse sous le guichet, sans avoir à enlever quoi que ce soit.

Francis, quant à lui a installé une étagère murale afin de regrouper toutes les éditions de palombe et tradition, la revue indispensable des chasseurs de palombes.

Fier de son travail, Patrick se dit que finalement ce n’est pas si dur que ça. Du coup, il part repeindre toutes les potences boisées qui servent de fixation au sol pour monter les appeaux. Après avoir acheté de la peinture mate grise, il se met au travail et en deux jours le tout est effectué.

Il décide aussi de nettoyer l’ensemble du placard vaisselle et de recharger celui de l’alimentaire (Huile, vinaigre, café, moutarde, ketchup, boîtes de légumes, confits en conserve, deux bouteilles de Ricard et quatre de vin de Bordeaux). Ce genre d’initiative ne peut être jugé que de manière positive par tout le monde. 

Il espère que son intervention fera plaisir à ses trois collègues.

Mais Patrick aime trop l’originalité pour en rester là. Ce besoin coule dans ses gènes.

Il y a neuf ans, lors d’un apéro chez Francis, il a « emprunté » la palombe en plastique qui trônait sur la balançoire familiale. Depuis cette date, cette palombe se prénomme Josette (du nom de la femme de son ami).

Celle-ci s’est transformée en « une reine de la migration dans tous les sens ». Ses connaissances l’ont amenée avec eux lors de leurs voyages. 

Josette a sa page sur Facebook où sont relatés ses voyages dans près de trente pays différents (de l’Inde au Canada en passant par l’Ouganda, la Suisse et l’Indonésie).

L’article du quotidien local Sud-Ouest qui résume ses périples est bien en évidence à Capu dans un cadre fixé au mur la cabane.

On la voit en photo avec des personnalités diverses comme le premier Ministre Belge « Di Rupo » ou « Georges Lautner », le réalisateur des tontons 
flingueurs, mais aussi avec une miss Africaine, un rebelle Ougandais ou un prêtre orthodoxe Serbe.

Josette est aussi photographiée avec Jacques, un ami qui est venu plusieurs fois à la chasse. Avec lui, elle a connu Sidney en 2011, lors du quart de finale victorieux du championnat du monde de rugby (France – Angleterre). Et on la retrouve aussi, toujours avec lui, lors de la défaite rageante en 2019 au Japon contre le Pays de Galles.

Mais la photo la plus originale est sûrement celle où on la voit sous l’eau, portée à bout de bras par Ivan sur l’ancre de l’Amoco Cadiz. Un pétrolier libérien qui a coulé en 1978 en face de Portsall, une petite ville bretonne du Finistère.
 
Patrick ne veut pas rester à la seule peinture. Il décide de dénommer tous les appeaux par un prénom. Deux jours plus tard, chaque potence a un cadre boisé marron bien pointé où est inscrit le nom de l’appeau.

C’est ainsi que l’appeau le plus à l’Est est dénommé « Logne ».
Celui le plus au Nord « Nie ». 

Les sept autres va-et-vient se dénomment :
Lygamie
Logie
Théose
Cible
Pierre
Lon
Tiche.

Les deux balanciers sont prénommés Thycaire et Névrose.

Les huit palombes de pose sont 
Tance
Du cul
Stola
Physe
Strophe
Calypse
Stale
Litique


Petite remarque sur ce dernier, c’est l’appeau qui ne sert à rien ou à pas grand-chose. Dans presque toutes les chasses nous avons un appeau « Maillon Faible ». Il en faut un et là c’est lui.

Bon, Patrick savait qu’il allait se faire engueuler et .... Il s’est fait engueuler. « Nos appeaux, on les a toujours appelés avec un numéro » lui a fait sèchement remarquer Franpa. « Bravo pour ton travail mais …. Tu nous chamboules trop !!! » 

Avec son sourire en coin tel Patrick Mac Goohan dans « Le Prisonnier », il lui rétorque « Non, nos appeaux on les aime, ce ne sont pas des numéros ».